Si j'avais au moins - Jyou

Brisée. C'était le mot qui convenait à son état. Jyou venait d'être brisée en milles morceaux. Tout ce qu'elle avait réussi à construire avait été détruit en à peine une heure environ. Son corps meurtri tremblait de peur et de douleur. Son regard ne reflétait que souffrance, torture subie, et crainte absolue. Les larmes s'échappaient lentement de ses yeux, encore traumatisée par ce qu'elle venait de subir. La voix d'Hizumi lui fit plus peur qu'autre chose, et dans un réflexe, elle se recroquevilla. Elle ne réagissait plus que par réflexes, étant à présent incapable de réfléchir correctement, son corps et son esprit emplis de douleur. La dague retirée la fit hurler, de nouvelles larmes coulant le long de ses joues, des sanglots s'échappant de sa gorge. Epuisée, elle se laissa retomber sur le sol, serrant la couverture avec force, comme si elle la protégeait. Mais cette "protection" lui fut ôter, et encore une fois dans un réflexe, elle repoussa vivement cet homme, essayant de s'enfuir, rampant douloureusement, n'importe où, tant qu'elle s'éloignait de toute présence humaine et surtout masculine.

Elle sentit qu'on la tenait, et Jyou se mit à se débattre avec beaucoup de vivacité. Des bruits de terreur s'échappant de ses lèvres, mais elle finit par se calmer, tremblant toujours. N'ayant plus trop de forces, elle se laissait faire, mais était toujours dans un état critique. Elle prit le gant qu'il lui tendait et le regarda un instant, avant de se mettre à frotter sa peau de toutes ses forces, partout, notamment là où elle avait été souillée au plus haut point. Mais elle se frottait tellement fort que de sa chair commençait à rougir, et même à perler de sang. Jyou aurait tant aimé pour se départager de ce corps sali, souillé au plus profond de lui-même. Elle se demandait même si elle avait été souillée au point ultime... Elle l'avait senti, alors elle priait au fond d'elle pour qu'elle ne soit guère souillée à ce point. En songeant à nouveau à ce qu'il s'était passé, des larmes se mirent à couler à flot, des sanglots s'échappant encore une fois de sa gorge.

Jyou fut surprise et se retourna en sentant des poils. Un loup ? Son esprit encore trop sous le choc ne fit pas le lien et elle tendit sa main vers le loup, tremblante. Mais celui-ci s'éloigna, avant de revenir avec un peignoir, qu'il lui apportait. Elle regarda un instant, avant de sortir du bain. Elle alla vers le loup et se blottit contre lui, enserrant son cou de ses bras. Un animal ne pourrait pas lui faire de mal, elle le sentait. Elle aimait les animaux, alors avec l'un d'entre eux, elle ne pouvait que se sentir bien. Elle n'avait pas prit le vêtement, préférant se réconforter comme elle pouvait avec ce canidé qui était tendre, affectueux, et qui semblait intelligent.

Les animaux avaient beaucoup d'empathie, c'était fort bien connu. Jyou se sentait beaucoup mieux à présent, et laissa l'animal s'allonger sur elle. Elle resta agrippée à lui, ses doigts serrant le pelage du loup, se sentait davantage en sécurité. Elle était toujours nue contre lui, mais elle s'en fichait, elle se sentait bien là, et reprenait peu à peu confiance en elle. Son esprit se reconstituant petit à petit, elle commençait à pouvoir réfléchir de nouveau.

Cerridwenn...

Peut-être que la Déesse pourrait lui offrir un marché.

Merci gentil loup.

Elle n'arrivait pas à sourire, mais son regard s'était calmé.

Jyou finit par tomber d'épuisement. Les heures défilaient, son sommeil était agité, les cauchemars et les sensations désagréables revenaient. Elle se réveilla en sursauta, trempée de sueur. Ses souvenirs, tous les plus atroces moments de sa vie, lui étaient revenus en tête. Elle tremblait encore, et tourna la tête vers celui qui lui avait parlé. Hizumi ? Un mouvement de réflexe fit qu'elle voulait s'éloigner, mais la douleur à son pied la lança. Elle se tint la cheville, grimaçant de douleur.

Je... Je vais partir.

Il le fallait. Plus vite elle pourrait aller parler à Cerridwenn, plus vite ce sera fait.

Elle prit les vêtements et se rhabilla, se fichant totalement à présent d'être vue nue. Elle avait été violée, alors qu'importe à présent. Se redressant, elle du se tenir quelque part, afin de ne pas tomber, mais il n'y avait rien, alors elle tomba.

J'y arriverai seule.

Elle ne voulait pas qu'on voit où elle comptait se rendre.

Jyou fut étonnée. Elle se disait qu'il mentait, qu'il ne disait cela que pour l'attirer. Mais... N'était-ce pas lui qui avait tenté de la protéger ? N'était-ce pas lui qui avait voulu éloigner Jyou de Mikaru ? Ce qu'il s'était passé la veille, à cette soirée, lui revint en mémoire. Elle se disait qu'elle pouvait lui faire confiance, à lui. Il semblait comme Aoi... Alors peut-être que...

Hizumi ?

Elle ne se retourna pas, laissant un blanc, réfléchissant pour être réellement sûre de ce qu'elle allait dire. Finalement, elle parla.

Emmène-moi là où on peut parler à la Déesse Cerridwenn.

Elle ne pourrait sans doute pas faire tout ce chemin avec son pied blessé. Jyou devait le reconnaître, elle avait besoin d'aide, et Hizumi était le seul présent, et de plus, il semblait avoir un minimum d'affection pour elle. Alors... Sans doute était-il digne de confiance.

Jyou le laissa faire et se trouva devant le Jardin d'Eden. Elle comprit alors ses paroles, et hocha la tête.

D'accord.

Prenant une grande inspiration, elle se tourna vers lui et l'embrassa sur le haut du crâne, puisqu'il avait prit sa forme de loup.

Merci pour tout ce que tu as fais Hizumi.

Elle se força, afin de lui sourire, avant de passer les portes du Jardin, entrant dans la terre des Anges.