Les traces du passé reviennent dans ton présent. ( Jyou)

Sur les traces d'un homme cupide et avide de sang, Jyou s'était lancée avec détermination. La traque fut longue et exténuante, mais fut bien davantage pénible lorsqu'il se mit à fuir, l'obligeant alors à abandonner toute idée de retourner chez elle au plus tôt, au chaud et face aux magnifiques étendues de fleurs composées avec harmonie. Il avait prit le chemin des terres gelées d'Eira, et fort malheureusement pour elle, elle n'était guère équipée avec ce dont elle aurait bien eu besoin. Mais lui non plus n'avait suffisamment d'épaisseur pour tenir. Elle parvint à la retrouver, et lui ôta la vie, en récompense de ses méfaits et crimes tous plus abjects les uns que les autres. Elle brûla le corps, prononçant une légère prière, afin de faire honneur aux morts. Puis, sa mission accomplie, la jeune femme se détourna du criminel châtié, retournant vers le chemin du retour. Un chemin qu'elle ne retrouva guère. Elle comprit sans peine au bout de longues minutes acharnées de recherches, qu'elle était perdue dans cette vaste étendue blanche. Elle dut se stopper contre un buisson, s'abritant du vent. Jyou envoya alors un appel au secours depuis son téléphone, espérant que l'on vienne vite la chercher, le froid la mordant profondément. Mais il eut raison d'elle, et elle sombra dans les bras de Morphée, à la merci de tous les dangers de cette plaine glaciale.

Ses yeux s'ouvrirent plusieurs heures plus tard, dans un endroit chaud et couvert. Se redressant vivement, prête à dégainer les armes, elle ne vit cependant personne. Où serait l'âme charitable ou mal intentionnée qui l'avait tirée de la neige ? Elle serait sans doute plus charitable car Jyou n'était pas attachée ni désarmée. Mais où serait cette personne ? Elle en profita alors pour détailler l'endroit du regard, et comprit bien vite qu'elle était chez un Démon Loup, très probablement. Ses vêtements étaient froids et humides, alors elle choisit de profiter de sa solitude afin d'ôter manteau, bottes, haut et pantalon, afin de les mettre à sécher et chauffer près du feu. Elle rangea ses armes à l'intérieur des poches, mais en conserva quelques-unes sur elles, notamment un poignard qu'elle portait à la cheville et un autre au niveau de son brassard qui la contenait dissimulée par un astucieux système dont elle était l'inventrice. La jeune chasseresse retourna dans les fourrures, s’emmitouflant dans l'une d'elles, avant de se lever pour faire le tour de la tanière. A la vue des objets et autres petits indices, elle en déduit qu'elle se trouvait bien dans une tanière de Démon Loup, mais également que c'était un mâle. Après avoir visité, elle retourna auprès du feu, afin de se réchauffer, restant couverte par la fourrure épaisse.

Jyou sentit du mouvement, et entendit la porte qui s'ouvrit. Elle porta sa main à son poignard, sous la fourrure, afin d'être prête à toute éventuelle attaque. Mais il ne s'approcha pas d'elle, et c'était une bonne chose. Elle resta alors devant ce feu si bienfaiteur, à se réchauffer. Une odeur de viande cuite parvint à ses narines, et elle se demanda ce qu'il cuisinait. Jyou restait cependant immobile, ne souhaitant pas donner une faible faille d'occasion pour qu'il puisse l'attaquer. Ses doigts étaient toujours sur la poignée de son arme, prête à la dégainer en cas d'attaque de sa part. Le silence régnait, pesant et lourd. La curiosité prit le pas sur sa raison, et alors des mots sortirent d'entre ses lèvres.

Pourquoi m'avez-vous amenée ici ?

Quelle raison l'avait poussé à amener la chasseresse en ces lieux ? Une pitié ? L'altruisme ? Ou bien une envie malsaine dissimulée ? Elle se méfiait toujours, l'inconnu était moins dangereux que ceux dont on ne se méfie pas, mais il restait tout de même absent d'innocence.

L'écoutant donner ses explications, Jyou comprenait mieux à qui elle avait à faire. Mais prudence. Il s'agissait d'un parfait inconnu, alors il valait mieux rester sur la méfiance. Elle ne le regardait pas non plus, ne voulant pas croiser son regard pour le moment. Cependant, elle le du, lorsqu'il vint avec une assiette de soupe, faite pour elle apparemment. Nouant la fourrure comme une serviette lorsqu'on sortait de la douche, Jyou n'eut d'autre choix que de dévoiler ses épaules, afin de pouvoir manger en dissimulant le plus de son corps possible.

Je me dois de vous remercier.

Il lui avait sauvé la vie oui. Qui sait lorsque les secours seraient arrivés ? Elle lui devait la vie.

Je crois que j'ai une dette envers vous désormais.

Une vie pour une vie, telle était la dette. Jyou plongea sa cuillère dans la soupe et la porta à ses lèvres. Elle laissa échapper un bruit appréciateur, aimant le goût sucré des légumes de cette soupe, mélangé au sel afin de relever la saveur.

Jyou haussa un sourcil, étonnée de telles paroles. Elle regarda ses épaules, et les haussa, les trouvant banales, et mêmes maigres. Elles n'avaient rien d'attirant, et la couverture l'avantageait plutôt au niveau de la poitrine que la réalité ne le disait bien.

Il ne vous faut pas grand chose.

Elle ne trouvait rien d'attirant chez elle, à part si l'on aimait les femmes assez maigres, sans formes et banales. Elle avait plus de formes qu'elle ne le disait, car elle se voyait principalement avec ses vêtements, qui cachaient ses formes assez prononcées malgré ce qu'elle croyait.

Si mon haut est sec, je vais le remettre afin de vous éviter cette vue qui selon vos goûts étranges, est tentatrice. Cependant, afin de ne vous donner davantage d'idées salaces, auriez-vous l'amabilité de vérifier si c'est le cas et me le donner, s'il vous plait ?

Qu'avait-il ? Il semblait troublé. Jyou le regardait, étonnée, et prit la chemise qui lui donnait... et qu'il portait juste avant. Elle devait avouer qu'il était bel homme, finement musclé et un visage à la fois viril et sauvage. Elle prit la chemise, le remerciant, et l'enfila alors. Alors qu'elle boutonnait la chemise, il lui manquait deux boutons du haut, alors que les mots du Démon Loup l'interpellèrent. Par réflexe, elle attrapa son poignard attaché à sa cheville, et sauta hors de la fourrure, dévoilant ses jambes nues, pour renverser l'homme à terre. Elle était à califourchon sur lui, la lame sous la gorge de l'homme.

Sachez que ce n'était que justice. Mais si cela ne vous rassure pas, il s'agissait d'un humain qui avait commit viols et meurtres sur des enfants.

Elle n'aurait sans doute pas pu le cacher plus longtemps, ce genre de Démons étaient suffisamment puissants pour déceler la vérité du mensonge, grâce à leur odorat. Et Jyou n'était pas encore assez expérimentée pour être capable de maîtriser son corps afin de cacher cela.

Je suis une chasseresse. Et je sais parfaitement me servir d'une arme.

Mais... ! Que faisait-il ? Jyou fut étonnée et le regardait droit dans les yeux, avant de fermer sa bouche de façon à ce que ses lèvres soient hors d'atteinte. Elle fronça les sourcils à ses actes, et décida qu'il était grand temps qu'il arrête. Alors, se débattant comme une diablesse, elle lui donna un coup de pied dans le ventre, récupérant alors la liberté de mouvements de ses poignets. Elle lui fit une entaille le long de la joue, avant de s'éloigner, en position de défense, sa lame empoignée avec fermeté.

Ne croyez pas si mal me juger. J'ai châtié des Démons durant ces dernières années, et je suis toujours ici.

Elle savait se défendre, et venait de lui prouver que malgré sa maigre consistance, elle avait plus d'un tour dans son sac.

Si vous tenez à la sauvegarde de vos attributs masculins, je vous conseille de ne plus me toucher ainsi.

Jyou fut surprise de son calme, mais compris lorsqu'elle commença à tenter de bouger. Elle était maintenue immobilisée, par elle ne savait quelle magie. Elle comprit en voyant les ombres, et pensa qu'il devait s'agir du pouvoir du Loup. Elle se débattait, ne souhaitant pas rester prisonnière, et n'était pas capable d'abandonner.

Vous m'avez sauvé la vie, en échange je vous ai remercié et je ne vous ai point tué. Je pense que nous sommes quittes.

Elle était désormais sans défense, face à ces ombres.

Je suis humaine, j'ai mes failles. Les hommes ne m'inspirent guère confiance et vous avez eu des propos et des actes qui m'ont faite réagir. Il vaut mieux montrer les armes qu'attendre d'être à la merci d'un possible ennemi. C'est ce que j'ai fais, je n'ai donc aucune excuse à vous fournir, et je n'en attends aucune de votre part, car vous avez été honnête en m'avouant vos ressentis. Mes réactions sont uniquement en rapport avec ce que vous avez réalisé. Mais j'ai pu constater que cela ne vous a nullement déplu lorsque j'ai placé ma lame sous votre gorge.

Il avait eu une réaction purement masculine qu'elle avait pu sentir, et c'était cela qui l'avait poussée à réagir aussi violemment, et donc à lui entailler la joue.

Je vous conseillerai des glaçons dans votre boxer. Il parait que c'est très efficace.

Ma dette n'est pas balayée, loin de là.

Elle fut libérée, alors elle se massa les poignets. Jyou regarda cet homme et le trouvait bien étrange. Elle s'approcha de lui et posa ses mains sur son visage pour l'obliger à la regarder.

Pourquoi cet air tourmenté ?

Il semblait triste et malheureux. Lui prenant les mains, elle le fit venir avec elle et s'asseoir sur le tas de couvertures.

Je vous demande pardon d'avoir réagi aussi violemment, mais avouez que vos gestes étaient déplacés.

Elle s'inclina légèrement, afin de prouver la sincérité de ses mots. Elle reprit l'assiette de soupe qu'elle n'avait pas finie et en prit une cuillère, qu'elle tendit, pleine, vers la bouche du Loup.

Partageons ce repas.

Votre regard n'est guère calme et reposé.

Elle ramena la cuillère vers le plat, comprenant qu'il ne voudrait pas manger, et lui donna plutôt l'assiette. Elle la posa devant lui, restant assise sur ses propres cuisses.

Sachez que ce n'est pas avec moi que vous aurez une invitation.

Ce n'était guère son genre, ce genre de divertissements et de pratiques ne l'intéressaient nullement. Elle se tourna vers le feu, l'observant, avant de se lever pour juger de l'humidité de ses habits.

Puis-je vous demander si je peux emprunter votre salle de bain ?

Ma demande vous semblait-elle tordue ?

Jyou n'avait guère trouvé que ses propos pouvaient être comme à déchiffrer. Elle les avait trouvés parfaitement logique mais surtout emplis de politesse. Elle se leva alors, et se tourna à nouveau vers ses affaires, qui n'étaient pas encore sèches. Elles l'étaient déjà davantage mais ce n'était pas encore suffisant pour pouvoir les porter sans grelotter de froid.

Mes vêtements sont encore humides. Auriez-vous l'amabilité de me... prêter quelques vêtements jusqu'à ce qu'ils soient secs s'il vous plait ?

Elle le regardait faire, ne bougeant pas, restant immobile là où elle était. Jyou observa les vêtements qu'il lui donnait. Elle ne devait pas faire sa difficile, mais elle devait avouer que les habits qu'il lui avait apportés étaient particulièrement à son goût. Mais que faisaient des vêtements de femme dans la tanière d'un loup qui semblait seul ?

Elle se mit debout sur ses jambes, gardant les habits en main. Se tournant vers lui, elle l'observa un instant, puis baissa son regard vers les vêtements.

Vivez-vous avec une femme ? Ou peut-être avez-vous une petite amie.

Ce serait la seule explication logique selon elle. Jyou attendait sa réponse, ensuite elle irait prendre un bain.

Jyou fut surprise de l'expression de son visage, mais jugea bon de ne pas en parler. Elle semblait deviner une déchirure due à une femme, mais de quelle nature, cela elle l'ignorait. Elle le regardait, et s'inclina légèrement pour le remercier.

Ceci fait, elle alla d'un pas assuré mais souple vers la salle de bain. Il n'y avait qu'une baignoire, alors elle examina celle-ci après avoir posé les vêtements un peu plus loin pour ne pas les tremper par une quelconque maladresse. Puis, elle se fit couler un bain, préparant tout le nécessaire, à savoir serviette, gant et produits de toilette. Une fois le bain prêt, Jyou ôta ses vêtements et les posa avec les autres. Et enfin, elle alla vers la baignoire. Mais en voulant arrêter l'eau, elle manqua d'équilibre et glissa.

AAAAAAH !

Elle tomba dans la baignoire, et se fit un peu mal à la cheville. Jyou se redressa, trempée, s'asseyant dans le bain. La baignoire n'était pas bien haute et comme elle était assise le dos droit, l'eau ne cachait qu'une infime partie de sa poitrine. Elle se sentait bien bête de s'être fait mal à la cheville d'une façon aussi stupide.