Un homme qui perd son temps - Jyou

Jyou n'avait guère le choix de suivre ce Vampire dans des oubliettes, apparemment. Il l'emmena dans une salle aménagée, et elle observa autant qu'elle pouvait les alentours. Elle continuait malgré tout de tenter de lutter contre ce pouvoir qui contrôlait son corps, ne souhaitant nullement s'avouer vaincue. Pourquoi lui avait-il ouvert son haut ? Pour la torturer à ce niveau ? Ce n'était guère impossible ni même improbable. Surtout qu'il lui faisait déjà comprendre ce qu'elle risquait de subir. Elle devait répondre à chacune de ses questions si elle ne désirait souffrir ? Jyou se retint de sourire, amusée quelque part. Elle se devait de garder sa force mentale, sinon, elle était perdue.

Pourquoi ne vas-tu pas lui demander toi-même, Roi des Vampires ?

Aoi était tout à fait capable d'aller la chercher, elle le savait. Elle était sa petite soeur de coeur après tout, et elle savait qu'il tenait beaucoup à elle. Mais elle seule l'avait comprit, car en-dehors de leurs rencontres où ils étaient seulement eux deux, il ne montrait rien du tout, et elle non plus. Ils étaient professionnels.

Alors je crains que tu n'auras jamais la réponse à ta question.

Elle ne comptait pas le lui dire, et serrait les dents de voir qu'il continuait de la dévêtir. Comptait-il la marquer à même la peau, faisant couler son sang en le déchiquetant de plaies ?

Je n'ai que 19 ans, et je ne suis en aucun cas intéressée par les hommes de plus de 300 ans d'écart avec moi. Désolé mon mignon, mais reviens jamais.

Jyou ne comptait pas perdre la face.

Quant à Hizumi, ma relation avec lui ne regarde que moi. Pareil pour le nombre de Vampires que j'ai tués. Mais je vais te faire une fleur sur ce dernier point. J'en ai tué autant qu'on m'avait chargée de le faire.

Cela ne l'avancerait pas plus.

Jyou voulait se débattre ou alors lui cracher dessus, ou encore lui mordre la langue, mais il contrôlait son corps. Une envie de vomir la prenait violemment, et elle toussa, crachant.

Ecoeurant.

De plus, ce fut son premier baiser. Volé avec vice et sans scrupule. En y réfléchissant, elle aurait préféré quelque part qu'Hizumi ne se soit guère arrêté. Elle aurait ressenti bien moins de dégoût et de déshonneur.

Mais voilà qu'elle était à présent nue, et attachée de surcroit. Quelle honte... Il était en train de l'humilier, et Jyou ne le comprenait que trop bien. Elle était un moyen d'atteinte envers Aoi, mais fort heureusement, Mikaru ne savait pas à quel point. Elle regarda le Roi avec haine.

Je sais surtout que tu mériterais un châtiment éternel.

Mais il revint et planta la dague dans son pied.

AAAAH !!

Elle n'avait pu retenir ce hurlement de douleur, se mordant la lèvre, des gouttes de sueur perlant sur son front. Son corps tremblait légèrement, à cause de cette souffrance intense, une larme s'échappant de ses yeux.

Ce nombre ne cessera d'augmenter, sois-en certain.

Il avait remarqué sa larme de douleur, et en usait pour la mettre encore plus mal à l'aise. Jyou déglutissait difficilement, fermant les yeux de dégoût alors qu'il la touchait de façon très désagréable pour elle. Si seulement elle pouvait serrer ses cuisses et lui bloquer sa main afin qu'il se stoppe...

J'implorerai plutôt la pitié envers toi. Tu sembles ne pas savoir te servir d'instruments de torture ou bien être en manque considérable pour vouloir toucher une prisonnière. Les femmes ne te trouvent-elles point à leur goût ? Ou bien alors, serais-tu si pitoyable ou bien impuissant, que tu es obligé d'assouvir tes pulsions animales sur quelqu'un dont tu ôtes toute volonté ?

Jyou savait parfaitement ce qui l'attendait, et savait tout aussi bien que son esprit finirait par craquer. Peut-être irait-elle jusqu'à l'irréparable ? Elle n'en savait rien, elle savait juste qu'elle se retenait au fond d'elle de montrer toute sa souffrance et sa douleur. Fermant les yeux, ses lèvres bougèrent légèrement, dans une prière. Une prière adressée à ses parents, morts sous le joug de monstrueux Vampires.

Sache une chose, Roi Mikaru, tu ne m'atteindras pas.

Elle commença à sourire pour lui prouver qu'aussi faible soit-elle, elle ne se laisserait pas faire. Mais elle sentit une violente douleur la prendre. Un cri de douleur passa sa gorge et ses lèvres, des larmes commençant à s'échapper. Elle comprenait ce qu'il faisait, mais espérait vivement qu'il n'aille pas jusqu'au bout.

Plutôt crever que trahir les miens...

Elle lui cracha au visage, des larmes continuant de couler de ses yeux.